L'Arabie saoudite rejoint la revolution verte !

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Imaginée comme une extension de Vision 2030, la Saudi Green Initiative annoncée en mars 2021 et initiée par le prince héritier saoudien Mohammed ben Salmane vise à remodeler l’économie du Royaume d’Arabie saoudite et tracer une nouvelle voie pour la région en matière de protection de la planète, tout en contribuant de manière significative, à la réalisation des objectifs mondiaux en matière de lutte contre le changement climatique.

Il est vrai qu’en tant que principal pays producteur et exportateur de pétrole, et l’un des 10 pays au monde à émettre le plus de dioxyde de carbone, l’Arabie saoudite doit se donner la mission d’être le porte-parole de la lutte contre la crise climatique qui fragilise le monde d’aujourd’hui, mais aussi l’artisan chef d’un monde plus vert.

S’il reste encore beaucoup à construire dans ce domaine, le pays est bien déterminé à avoir un impact mondial durable. Et pour mener ce projet à bien, il ne compte pas travailler seul. Le projet de la Saudi Green Initiative se fera en collaboration avec les pays alliés au sein du Conseil de coopération du Golfe (CCG), les pays du Moyen-Orient et voisins de la région MENA, des partenaires internationaux mais aussi des institutions telles que Net Zero Producers Forum qui réunit en son sein différents pays, tous exportateurs de pétrole.

"L'action climatique renforcera la compEtitivitE, stimulera l'innovation et crEera des millions d'emplois de qualitE. Les jeunes, tant dans le royaume que dans le monde, exigent un avenir plus propre, plus vert et plus inclusif, et nous leur devons d'y parvenir"

Prince Mohammed bin Salman

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DEvelopper les Energies renouvelables, rEduire les Emissions de gaz A effet de serre

Aujourd'hui, la part de la production d'énergie propre au Moyen-Orient ne dépasse pas 7%, et les technologies utilisées dans la production d'hydrocarbures dans la région ne sont pas suffisamment efficaces. Développer le secteur des énergies renouvelables en Arabe saoudite est donc l’un des piliers essentiels de la vision écologique du Royaume. En effet, les projets d’énergies propres entraînent avec eux des avantages aussi bien économiques, sociaux ou environnementaux.

C’est pour cette raison que le gouvernement s’est engagé à mettre en œuvre tous les moyens technologiques afin de transformer la façon dont la population est alimentée en énergie et réduire les émissions de carbone résultant de la production d'hydrocarbures dans la région de plus de 60%. Et les projets sont déjà en route !

L'usine d'hydrogène vert de NEOM et ACWA Power, qui devrait être la plus grande au monde, est prévue pour produire suffisamment d'énergie pour alimenter quotidiennement 20 000 bus à hydrogène.

À ce sujet, on écoute volontiers les éclairages de Jan Frederik Braun et Amro Elshurafa, chercheurs au King Abdullah Petroleum Studies And Research Center (KAPSARC).

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Riyad lance un grand plan de verdissement de son environnement.

Crédits : Prachatai/Flickr

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L’infrastructure, enjeu clE !

La première centrale photovoltaïque saoudienne de 300 MW à Sakaka compense les émissions de gaz à effet de serre à un niveau équivalent à la suppression de 120 000 voitures de la circulation pendant un an.

Dans les secteurs du tourisme et de l’urbanisme, des projets ambitieux, dont The Line et le projet de la mer Rouge, seront quant à eux alimentés à 100 % par des énergies renouvelables.

Enfin, si neuf projets en faveur du développement d'énergie solaire et éolienne sont d’ores et déjà en cours, 35 autres initiatives seront consacrées à l'amélioration de l'efficacité énergétique dans tout le royaume, afin de réduire la consommation et le gaspillage d'énergie.

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"Saudi Green Initiative s'efforcera de rEduire les Emissions de carbone de plus de 4 % des contributions mondiales, par le biais d'un programme ambitieux d'Energies renouvelables qui permettra de produire 50 % de l'Energie du royaume A partir de sources renouvelables d'ici 2030, et de plusieurs autres projets dans les domaines des technologies d'hydrocarbures propres, dont on estime qu'ils permettront d'Eliminer plus de 130 millions de tonnes d'Emissions de carbone."

Prince Mohammed bin Salman

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du mix énergétique sera issu des énergies renouvelables d’ici 2030.

Adam James, analyste de GreenTech Media Research, et le Dr. Khaled, de Knowledge Industry Co, abordent des cas concrets ici.

Proteger les oceans

L'Arabie saoudite abrite des environnements variés, parmi lesquels on retrouve des milliers de kilomètres de côtes, des forêts denses et un vaste désert. Protéger cet environnement contribue alors à renforcer la biodiversité et à restaurer le patrimoine naturel du Royaume.

Saudi Green Initiative a la volonté de protéger de manière durable les mers et océans qui entourent le royaume. Pour ce faire, les autorités porteront les zones protégées à plus de 30% de la superficie totale des terres, soit environ 600 000 km² de littoral. Un objectif qui dépassera le niveau mondial actuel de 17%.

Afin de rendre le projet concret, le gouvernement a décidé de placer 13 zones côtières et marines sous protection.

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Defendre la flore saoudienne et prevenir de la desertification

Aujourd’hui, au-delà de la protection de sa faune et de sa flore, le Royaume et sa région sont aussi confrontés à des défis climatiques importants, tels que la désertification, qui constitue un risque économique immédiat pour le royaume et la région.
Économiquement, ce sont presque 13 milliards de dollars qui sont perdus chaque année du fait des tempêtes de poussière dans la région, entraînant aussi la réduction de l'espérance de vie moyenne des Saoudiens d’un an et demi.

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L'objectif de Saudi Green Initiative (et par extension de Middle East Green Initiative, car l’Arabie saoudite compte bien entraîner ses voisins dans son sillage) est donc de planter 40 milliards d'arbres supplémentaires au Moyen-Orient, ce qui permettrait de restaurer une superficie équivalente à 200 millions d'hectares de terres dégradées pour atteindre 5% de l'objectif mondial de plantation de 1 000 milliards d'arbres.

A noter qu’en avril, la barre des 10 millions d’arbres plantés avait été franchie, en l’espace de 6 mois.

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d’arbres supplémentaires doivent être plantés sur la région d’ici 2030.

Si la flore est un sujet déterminant, les projets relatifs à la faune ont aussi leur importance. Dans ce contexte, en mars dernier, les autorités ont réintroduit dans la nature certaines espèces menacées : 25 Gazelles du Rhin, 10 bouquetins de Nubie et 8 oryx d'Arabie. En outre, des travaux sur la sauvegarde et la réintroduction des léopards d’Arabie sont en cours depuis longtemps.

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Un travail sur les dechets ?

Chaque année, ce ne sont pas moins de 15 millions de tonnes de déchets qui sont produites par l’Arabie saoudite. L’équivalent du poids de 130 000 baleines bleues.

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Vers un tourisme durable et A l’Ecoute de l’environnement

L’Arabie Saoudite, territoire situé entre le Golfe Persique à l’est et la Mer Rouge à l’ouest et deuxième plus grand pays du monde arabe, est bien déterminé, depuis quelques années maintenant, à développer le secteur touristique du Royaume.

Guidé par la stratégie de développement durable ainsi que par le programme Vision 2030, et plus récemment par “Saudi Green Initiative”, le secteur touristique est déterminé à répondre aux ambitions futures du Royaume : préserver la beauté naturelle et la richesse patrimoniale des sites tout en se challengeant avec des objectifs touristiques et économiques à long terme.

Retour sur deux projets phares du Royaume...

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AlUla

un projet hors normes pour développer l’offre culturelle et touristique du Royaume

"La volontE conjointe de l’Arabie Saoudite et de la France est de mettre en OEuvre un modEle nouveau de dEveloppement Economique et touristique, centrE sur la prEservation absolue de l’environnement, respectueux de l’histoire, des territoires et de la population locale, au service d’une expErience touristique authentique, fidEle A l’hospitalitE du monde arabe."

Gérard Mestrallet, chef d'entreprises français

En seulement quelques mots, Gérard Mestrallet, président exécutif de l’Agence Française pour le développement d’AlUla, a résumé la volonté de ce projet phare qui s’inscrit dans la ligne du plan Vision 2030.

Plus précisément, reconstruire l’espace d'AlUla implique la construction d’un complexe archéologique, culturel et touristique aux allures de musée vivant à ciel ouvert réunissant deux objectifs. Le premier est d’inventer une expérience touristique nouvelle, fidèle à l'hospitalité du monde arabe. Le second est de devenir le projet de référence en matière de développement durable, centré sur la préservation absolue de l’environnement, respectueux de l’histoire des territoires et inclusif de la population locale. Sa stratégie de développement est guidée par la charte de durabilité d'AlUla, qui pose les fondations pour l'adhésion à une volonté neutre en carbone associée à des principes d'économie circulaire, à des politiques de résilience solides dans les régions historiques écologiquement sensibles, à la gestion améliorée des inondations et de l'eau ainsi qu'à la plantation de végétation.

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Il y a quelques mois, à l’occasion de l’anniversaire du plan Vision 2030, la commission royale pour AlUla a d’ailleurs confirmé son projet de réhabilitation du territoire, plus communément appelé Voyage dans le temps. Cette nouvelle feuille, de route qui vise à protéger plus de 200 000 ans d’histoire, compte bien allier développement de la zone, investissements fructueux et durabilité.

"En rEduisant les risques liEs aux opportunitEs d'investissement grAce A notre financement d'amorCage de 2 milliards de dollars US (7,5 milliards de riyals saoudiens) et en crEant un cadre de gouvernance solide, nous avons crEE une plateforme pour un dEveloppement responsable et durable afin de rEhabiliter un site unique inscrit au patrimoine mondial de l'UNESCO."

Amr AlMadani, directeur général de la Commission royale pour AlUla

A ce jour, les premiers touristes pourraient alors être accueillis d'ici 3 à 5 ans. Une fois complètement équipée, la région, qui dispose déjà d’un aéroport, devrait pouvoir recevoir entre 1,5 et 2,5 millions de visiteurs par an, toujours en respectant l’environnement et les normes de développement durable.

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The Red Sea project

un projet gigantesque au bord de la mer Rouge

Annoncé en 2017, The Red Sea Project tend à honorer l'un des trésors naturels cachés de la planète grâce à l’installation d’une destination de luxe créée autour.

Ce projet, considéré par certains comme le plus ambitieux du monde du fait de ses 200 km de côtes et de son archipel de 90 îles vierges, de volcans en sommeil, de déserts, de montagnes, de trésors naturels et d’une riche variété d'animaux sauvages, consistera à offrir des expériences inoubliables et personnalisées aux voyageurs du monde entier dans un environnement époustouflant tout en s’engageant à protéger, préserver et améliorer l'environnement local ainsi qu’à établir une nouvelle norme en matière de développement durable.

Ainsi, fondée sur le tourisme durable, la feuille de route du projet se sert de la technologie afin de protéger l’environnement. Par exemple, le projet impliquera un système de gestion de destination intelligent dont le but sera de surveiller l'impact environnemental des opérations et de gérer les va-et-vient des visiteurs afin d’éviter l’afflux de tourisme dans les différents espaces.

Il est important de mentionner dans ce contexte que l’un des défis du projet est d'ailleurs d’atténuer les émissions de dioxyde de carbone, la production de déchets et la pollution lumineuse et sonore, tout en soutenant la conservation de multiples écosystèmes de récifs coralliens.

Le projet, dont l’achèvement est annoncé pour 2030, proposera alors 50 hôtels et 8000 chambres répartis entre 22 des 90 îles de l’archipel.

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The Line :
Ville -verte- de demain

Au cœur du projet saoudien de développement du territoire, il y a ce projet de ville linéaire ultramoderne, qui s’appelle The Line. Située dans la région de NEOM, c’est un peu la pierre angulaire des ambitions saoudiennes. D’abord parce qu’il cristallise les velléités de modernisation sociétale du royaume, mais aussi et surtout parce qu’il sera une vitrine sur tout ce que le pays a à offrir de meilleur sur le plan de l’urbanisme, de l’innovation et, bien sûr, de l’environnement.

"Je vous prEsente THE LINE, une ville qui s’Etend sur 170 km et qui conservera 95% de l’habitat naturel de NEOM sans aucune voiture, aucune rue et sans aucune Emission de carbone."

Prince Mohammed bin Salman, Président du Conseil d’administration de NEOM

Vivre dans un environnement piéton où tout se trouve à cinq minutes. Implémenter la technologie prédictive dans le quotidien pour améliorer la qualité de vie, fonctionner à 100 % grâce aux énergies renouvelables… Le moins qu’on puisse dire, c’est que le projet est alléchant. Mais il est aussi -surtout- durable.

La nature est au coeur du projet The Line, la ville ultra moderne, ultra connectée, ultra respectueuse de l’environnement pitchée par le prince héritier saoudien Mohammed Ben Salmane, pour être le coeur de la région NEOM. La ville sera ainsi construite de manière à connecter les 4 écosystèmes distinctifs de la région, du littoral à la montagne, en passant par le désert côtier et la haute vallée.

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C’est une approche inédite de l’urbanisation ! Cette ligne sera constituée de multiples communautés hyper-connectées, avec des quartiers piétonniers intégrés aux parcs publics et au paysage naturel. D’un point de vue technique, la structure linéaire est portée par une couche souterraine d’infrastructure physique et numérique intégrée de manière transparente et contenant les services publics et moyens de transport essentiels.

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C’est la part des besoins énergétiques de The Line qui sera produite grâce aux énergies renouvelables.

En outre, The Line doit permettre à la région NEOM de devenir un moteur économique pour le Royaume d'Arabie saoudite, la région et le monde, avec l’objectif de créer 380 000 nouveaux emplois, de favoriser la diversification économique et d'enrichir le PIB national de 40 milliards d’euros d'ici 2030.

The Line n’est pas le seul projet

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Riyadh prévoit la plantation de 7,5 millions d’arbres dans la capitale saoudienne, ainsi que la suppression de la nécessité de 2,2 millions de déplacements en voiture par jour, ce qui équivaut à la compensation d'environ 1,4 million de tonnes de carbone par an :

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Investir dans les start-up de demain

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Pour faire du Royaume l’un des vingts pays en tête en termes de croissance et d’activité économique d’ici 2030, il est indispensable d’augmenter le nombre de startups implantées et spécialisées dans l’économie verte et la transition énergétique. Il n’aura donc pas fallu attendre Saudi Green Initiative pour rendre ce projet concret, comme l’illustre cette petite liste, non-exhaustive des meilleures idées entrepreneuriales qui sont parvenues à réussir ce défi.

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Uvera,

ou comment lutter contre le gaspillage alimentaire

Champions du monde du gaspillage, les Émirats arabes unis et l’Arabie saoudite se sont engagés à réduire de 50 % leurs pertes alimentaires d’ici à 2030.

C’est dans cette optique que la start-up Uvera, spécialisée en biotechnologie, a investi dans l’utilisation de l’exposition aux rayons UV-C pour augmenter la durée de vie des aliments. En 30 secondes d’exposition seulement, la durée de conservation des aliments frais est doublée, et cela sans avoir à utiliser de produits chimiques. Ce qui bénéficie au consommateur comme à la planète.

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Cette technologie a même été approuvée par l’administration américaine des aliments et des médicaments (FDA) en avril 2019 comme moyen de traitement alimentaire sécuritaire.

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Red Sea Farms,

ou comment rendre l’agriculture plus verte

La sécurité alimentaire a toujours été importante pour les pays du Golfe avant même le début de la pandémie de coronavirus. En effet, et dès 2018, le Royaume a dévoilé son plan d’action pour l’agriculture biologique et a alloué 750 millions de SR (200 millions de dollars) pour le soutenir.

L’objectif de ce plan vise à augmenter la production biologique de 300 %. Ses autres objectifs sont de fournir des aliments sûrs et une agriculture durable et très rentable, qui sera une ressource importante pour l’économie nationale.

Red Sea Farms est bien déterminée à suivre la feuille de route de ce plan. Destinée à développer une solution permettant d’utiliser de l’eau salée comme l'irrigation dans l’agriculture, cette start-up saoudienne déployera jusqu’à huit sites agricoles dans le centre et l’ouest de l’Arabie saoudite et à Abu Dhabi afin d’améliorer la sécurité alimentaire mondiale tout en réduisant l’empreinte carbone.

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Edama Organic Solutions,

ou comment diminuer les déchets organiques

Cette pépite de la technologie saoudienne croit fermement que le développement durable des villes du Royaume peut être atteint grâce à une gestion efficace des ressources.

Créée en 2017, elle se donne pour mission de créer une économie circulaire locale qui recycle les déchets organiques en produits de grande valeur pour l'agriculture du désert, tout en alignant les objectifs sociaux, environnementaux et économiques fixés par la Vision 2030 et les objectifs de développement durable des Nations unies.

Quatre mots d’ordre guident sa feuille de route : la durabilité, afin d’assurer la sécurité alimentaire et de l'eau tout en réduisant la pollution, l’innovation, en utilisant la science pour résoudre les problèmes du monde réel, la débrouillardise pour être à l'avant-garde des approches créatives afin de résoudre les problèmes et sa communauté.

En travaillant avec la nature et en adoptant une approche holistique de la résolution des problèmes, Edama s'efforce de créer une Arabie saoudite où tous les déchets organiques retournent dans le sol.

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L’Ecole, pilier du monde de demain : le cas KAUST

Parce qu’on ne devient pas un pays, une industrie, ou une entreprise verte du jour au lendemain, l’Arabie saoudite mise également sur l’éducation. Une stratégie intelligente puisque les étudiants d’aujourd’hui sont les inventeurs et les décideurs de demain. Et si l’on retrouve à travers tout le pays -comme à travers le monde entier- des universités aux projets aussi culottés que novateurs, il en est une qui se démarque par ses travaux sur l’environnement, c’est la King Abdullah University of Science and Technology, ou KAUST. Focus.

Fondée en 2006 en périphérie de Djeddah, l'université des sciences et technologies du roi Abdallah est un établissement universitaire international de recherche qui regroupe des chercheurs internationaux de haut niveau et les met dans les meilleures conditions pour collaborer afin de relever les défis scientifiques et technologiques. Il ne sera donc une surprise pour personne qu’au cœur de ses principaux enjeux -ou du moins de ses projets les plus médiatisés- se trouvent les thématiques du climat, de l’environnement, et de l’énergie.

En 2018, le campus de KAUST compte 11 centres de recherche et 9 laboratoires qui traitent de sujets tels que la désalinisation et le recyclage de l'eau, l'étude des écosystèmes de la mer Rouge, l'énergie solaire, les procédés catalytiques, les biosciences, la combustion propre, etc. Autant de thématiques qui vont jouer un rôle clé dans l’impact environnemental de la société saoudienne -mais surtout, à terme, du monde entier.

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L’Energie solaire en fer de lance

Concrètement, comment cet engagement se manifeste-t-il et qu’en résulte-t-il ? Tout dépend en fait de quel côté on se place. Les projets et les études sont aussi variés qu’ils sont importants. Par exemple, si l’on s’intéresse à la question de l’énergie solaire, en plein coeur du projet de l’Arabie saoudite -rien d’étonnant dans un pays au taux d’ensoleillement si élevé, entre douze et treize heures par jour en saison chaude, et entre six et huit heures par jour en saison douce, pour une moyenne considérable de 2 300 kilowattheures par mètre carré- on s’aperçoit que des travaux de KAUST, en collaboration avec l’Université de Toronto, ont permis de créer des panneaux solaires à double face qui battent des records d'efficacité. Pour ce faire, ils ont créé une cellule solaire tandem à deux faces, construite en réunissant le meilleur des technologies de la pérovskite et du silicium. Si ces considérations techniques ne vous parlent pas, il vous suffit de savoir que ce procédé transforme non seulement la lumière du soleil en énergie de manière plus efficace, mais également que l’intensité de l’électricité produite est plus élevée.

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Un groupe international de chercheurs et de participants a pris part à la conférence de recherche de l'université : Concepts et matériaux émergents dans la conversion de l'énergie solaire, qui s'est tenue sur le campus du 31 octobre au 2 novembre 2016.

Crédit : Lilit Hovhannisyan

Ce n’est pas tout, une équipe dirigée par le professeur Peng Wang a récemment mis au point une technologie permettant le refroidissement des panneaux solaires. En effet, les records de températures enregistrés dans le pays réduisent l’efficacité des panneaux. Soumis à de trop fortes chaleurs, ils sont non seulement incapables de transformer toute l’énergie solaire en électricité, mais perdent en durée de vie à cause d’une usure trop importante. A noter que les panneaux solaires classiques ne transforment que 20% de l’énergie solaire en électricité. Ainsi, en utilisant de la vapeur d’eau contenue dans l’atmosphère, les chercheurs de KAUST sont désormais en mesure de refroidir les panneaux photovoltaïques. Une petite révolution qui permet d’augmenter de 20 % la quantité d’électricité générée, ce qui n’est pas négligeable. Et pour les plus sceptiques quant à l’utilisation de l’eau comme système de refroidissement dans un endroit désertique, le professeur adressait même une petite note subsidiaire : "La vapeur d’eau est disponible partout, même dans les régions désertiques, et l’eau est l’un des matériaux avec le plus grand potentiel de refroidissement. En utilisant l’humidité ambiante dans le désert la nuit, on peut récolter assez d’eau pour mettre en œuvre cette technologie."

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Le pEtrole, ami de toujours

Si le plan de réformes économiques, sociétales, énergétiques, et climatiques en cours actuellement dans le pays a pour axe central de parvenir à s’affranchir d’une évidente dépendance au pétrole en vue de préparer l’avenir, l’or noir n’en demeure pas moins un élément clé du mix énergétique du pays, et la pierre angulaire de son économie.

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millions de barils/jour, c’est le rythme de production de pétrole de l’Arabie saoudite, premier producteur mondial devant la Russie et les États-Unis.

C’est sans aucun doute pour cette raison que les scientifiques, chercheurs et étudiants en poste à KAUST travaillent chaque jour à améliorer le rendement économique de l’utilisation du pétrole au même titre qu’à réduire son impact environnemental. Par exemple, l’un des derniers projets développés par l’université, en lien avec le géant pétrolier Saudi Aramco, consistait à permettre d’effectuer plusieurs étapes du raffinement d’un seul coup, et à l’aide d’un seul réacteur. Selon Donal Bradley, vice-président de la KAUST chargé de la recherche : “Cela pourrait faciliter un changement de paradigme dans la façon dont le pétrole est utilisé. Ces technologies peuvent inciter à maximiser la production de matériaux utilisés dans la vie quotidienne, plutôt que la production de carburants, avec des avantages économiques et de durabilité très importants”. D’une pierre deux coups, donc…

Dans le même secteur, le professeur Wang nous explique ici comment séparer le pétrole de l’eau à l’aide d’un matériau spécialement conçu pour cet usage :

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L’eau, prEcieuse ressource

On y faisait allusion plus haut. L’Arabie saoudite est une région désertique au climat particulièrement aride, où l’eau se fait rare, et se doit d’être utilisée, ou réutilisée, intelligemment. Sur ce sujet encore, la KAUST se comporte en leader de l’innovation avec des avancées technologiques de premier ordre. Par exemple, sur la réutilisation des eaux usées, un doctorant de l’université saoudienne a récemment publié des travaux autour d’un processus permettant d'éliminer directement l'ammonium présent dans les eaux usées en une seule étape, tout en récupérant l'énergie sous forme de courant électrique ou d'hydrogène riche en énergie.

Grâce à un procédé consistant à retirer l'ammonium des eaux usées avant qu'elles ne soient rejetées, l'énergie peut être exploitée et utilisée pour différentes applications. Encore une avancée prometteuse, en particulier pour un pays qui table sur une augmentation de 40 % de la demande en eau d’ici 2030. Du fait de son rapport à l’eau difficile, l’Arabie saoudite est l’un des pays les plus concernés par les progrès en matière de désalinisation, nous y consacrions d’ailleurs un article il y a quelque temps.

Et pour ceux qui veulent aller plus loin, Noura Mansouri, chercheuse à KAPSARC, donne sa vision dans ce podcast.

Or, un autre exemple, lui aussi porté par le Dr Peng Wang dont nous vous parlions plus haut, est celui de la machine mise au point par les chercheurs de l’université, qui parviendrait à "utiliser un excédent de chaleur produit par les panneaux photovoltaïques, aujourd’hui inutilisé, pour la production d’eau claire, à partir de l’eau salée de la mer ou de l’eau contaminée des sols, rendant ainsi le processus plus durable, car plus efficient énergétiquement". D’une pierre… combien de coups déjà ?

On ne reviendra pas ici sur les travaux sur l'agrotech menés par l’université, car le plus bel exemple n’est autre que le fait qu’elle héberge dorénavant la startup Red Sea Farms, que l’on présente plus haut. Quant aux travaux qu’elle mène pour préserver et réintroduire dans la nature plusieurs espèces de tortues marines menacées dans la mer Rouge, une image vaut mille mots, et la vidéo est ici :

KAUST, mais pas que...

L’université du roi Abdullah n’est pas la seule à travailler sur des avancées scientifiques révolutionnaires. Pas plus tard que cette année, l’université Alfaisal, elle aussi basée à Djeddah, a dévoilé sa première voiture solaire et électrique. Les étudiants du département ingénierie l’ont conçue en partenariat avec Boeing, et ça se voit…

L’initiative Saudi Green se décline également dans une démarche plus globale, la Middle East Green Initiative, dont l’objectif est de créer une alliance régionale centrée autour d’objectifs et d’engagements communs pour la sauvegarde de la planète.

Ce faisant, le Moyen-Orient se met dans la roue de nombreuses autres initiatives à travers le monde. Le Gabon, par exemple, a annoncé en milieu d’année une initiative étonnante et révolutionnaire. Étant l’un des rares pays à avoir depuis longtemps limité la déforestation et donc à absorber plus de carbone qu’il n’en émet, le Gabon propose de se faire rémunérer par les autres Etats qui doivent compenser leurs émissions.

Les opérations de reforestation ou de végétalisation sont aussi légion. Récemment, le Pakistan a annoncé un "tsunami" de 10 milliards d’arbres tandis que le Ghana s’apprête à planter 5 millions d’arbres sur son territoire. En Colombie, c’est la ville de Medellin, deuxième plus grande ville du pays, qui est en pleine transformation depuis 2016. Au programme, réaménager 370 hectares d’espaces urbains pour créer des parcs et enterrer le réseau de transport.

Savoir avec certitude si ces initiatives suffiront à inverser la tendance reste difficile mais leur multiplication et leur ampleur grandit chaque année.